Les oreilles décollées (otoplastie) sont une anomalie qui est source de complexes qui ont pris leur racine souvent depuis l’enfance. Beaucoup d’enfants se font d’ailleurs opérer avant leur adolescence. Il arrive que certains adultes n’ont pas pu ou n’ont pas voulu se faire opérer et prennent conscience de leur problème à 20, 30 ans ou même parfois plus. Le problème a souvent été caché par une chevelure qui recouvre les oreilles, ou le port d’une casquette ou d’un chapeau et ces patients ont appris à vivre comme cela, souvent sans réaliser que la chirurgie pouvait résoudre ce complexe.
Quand les oreilles sont proéminentes et source d’une gêne sociale , c’est d’ailleurs une intervention prise en charge par la sécurité sociale, même si elle est réalisée par un chirurgien esthétique.
Je vois souvent des patients au cabinet qui sont persuadés qu’il s’agit d’un problème de chirurgie esthétique alors que c’est bel et bien une malformation congénitale.
Il faut donc déculpabiliser et prendre conscience que nous pouvons corriger ce problème par une simple intervention chirurgicale et mettre fin à des années de stratégies de camouflage.
Le problème des oreilles décollées comporte des malformations très précises qui sont facilement identifiables.
- Premier problème : le défaut de plicature de l’anthélix. Ce défaut est très flagrant et rares sont les adultes qui n’ont pas eu recours à la chirurgie dans l’enfance pour le corriger. Une oreille normale est plicaturée sur un sillon appelé anthélix qui se divise en deux au sommet du pavillon pour former une fossette triangulaire. Parfois ce pli n’existe pas et donne des oreilles qui ont la forme de grandes ailes non repliées.
- Deuxième problème identifiable : l’hypertrophie de la conque. La conque est la partie la plus profonde de l’oreille à l’intérieur de la plicature de l’anthélix et se divise en général en deux cavités concaves. Cette conque peut être particulièrement profonde et est responsable d’un décollement de l’ensemble de l’oreille qui s’écarte du crâne, ce qui peut s’associer ou non avec une défaut de plicature du pavillon. C’est une malformation pour laquelle les adultes consultent plus fréquemment car elle est plus discrète et ne justifie pas forcément d’avoir consulté dans l’enfance.
Ces deux malformations forment la quasi totalité des anomalies qu’on peut retrouver dans les oreilles. Il existe quelques anomalies plus rares mais il faut également comprendre que certains points ne peuvent pas être corrigés. Par exemple , il arrive parfois que certains patients consultent car il trouvent leur oreille de longueur trop grande ou asymétriques. On ne peut malheureusement par diminuer la taille d’une oreille, on ne peut que corriger des anomalies de forme.
Il existe toutes formes d’oreille , et toutes tailles. Quand nous nous lançons ensemble dans la chirurgie des oreilles décollées j’ai l’habitude de discuter longtemps avec le ou la patiente pour bien lui expliquer le résultat que l’on cherche à obtenir.
Quand l’anomalie est minime, les attentes sont parfois irréalistes, car le patient cherche à faire disparaître totalement son oreille en la collant un maximum à son crâne, ou voudrait que l’on en diminue la longueur. Il faut bien comprendre qu’une oreille normale ne doit pas être hypercollée à la tête car cela peut devenir très disgracieux et que l’intervention cherche à retrouver une anatomie normale et non pas créer une anomalie supplémentaire qui sera dans le temps autant remarquée que l’anomalie précédente.
De plus la hauteur ou la différence de hauteur d’une oreille ne pourra malheureusement pas être corrigée par la chirurgie.
La majorité des problèmes d’oreilles décollées se détectent dés l’enfance et cette anomalie est opérable dés 6 ou 7 ans, date à laquelle l’oreille a atteint sa taille adulte. Vous pouvez emmener votre enfant à la consultation et envisager une intervention, qui est prise en charge par la sécurité sociale.
Il ne faut cependant le faire uniquement que lorsque la demande vient de l’enfant. On ne peut pas imposer une intervention chirurgicale avec ses contraintes si l’enfant n’est pas motivé. Il faut qu’il puisse accepter volontairement tout ce qu’on lui demandera pour que l’intervention réussisse, venir aux consultations, faire
les pansements, porter un bandeau compressif.Les parents sont souvent inquiets de l’aspect des oreilles de leur enfant avant que l’enfant n’exprime lui même sa souffrance. Il faut être patient et en général à partir de 6 ans, la demande vient naturellement de l’enfant lui même et il trouve en cela la motivation nécessaire pour se lancer dans la chirurgie.
L’hospitalisation peut se faire en une journée ou en dormant une nuit en chambre selon l’horaire de l’intervention.
Cette intervention peut se faire sous anesthésie générale ou bien sous anesthésie locale avec une légère sédation, c’est à dire un médicament pour vous détendre.
Sous anesthésie locale, elle n’est pas douloureuse du tout mais peut être désagréable car on entend les bruits de l’intervention. Je vous parle et vous rassure tout le long de l’intervention qui dure au total 45 minutes pour les deux oreilles.
La cicatrice se situe à l’arrière de l’oreille pour être invisible.
L'incision derrière l'oreille. C'est là que se situe la cicatrice.
Pour reconstituer la plicature du pavillon, le cartilage de l’oreille est affaibli en le râpant à sa partie antérieure puis il est fixé par des points à l’arrière de l’oreille. Pour réduire l’hypertrophie de la conque, celle ci est enfouie à l’arrière de l’oreille. Elle peut être coupée légèrement. Des points sont mis en place et devront être retirés au bout de 15 jours. Un grand pansement en casque doit être porté les premiers jours, il est remplacé par un pansement plus petit au bout de quelques jours.
Les oreilles restent gonflées pendant 3 semaines environ, les suites sont peu douloureuses et la douleur est facilement maîtrisée par des antalgiques les premiers jours.
Afin de protéger la plicature de l’oreille, un bandeau doit être porté strictement nuits et jours pendant 1 mois puis seulement la nuit le deuxième mois. Cette contrainte est indispensable pour éviter les récidives car l’oreille est fragile pendant cette période.
J'ai l’habitude à titre personnel de revoir le patient au bout de 48 heures pour le premier pansement, puis à 15 jours pour enlever les points et à 2 mois. Une infirmière à domicile fait les pansements entre ces visites.
Cette intervention chirurgicale est courante et peu risquée. Néanmoins il faut être vigilant pour éviter quelques complications qui doivent être traitées rapidement. Je suis toujours joignable en cas de problème.
Au cours de l’intervention les risques d’allergie et ceux liés à l’anesthésie sont les mêmes que pour toutes les interventions chirurgicales.
Dans les premières heures qui suivent l’intervention, un saignement peut survenir. Il se manifeste par un écoulement, une oreille qui gonfle et qui est douloureuse. Il faut m’appeler sans tarder pour évacuer cet hématome et si la complication est gérée à temps , elle n’a aucune conséquence fâcheuse.
Les 3 problèmes principaux qui peuvent survenir sont les suivants :
- les problèmes de cicatrisation : la cicatrice se situe à l’arrière de l’oreille mais peut parfois chez certaines personnes, notamment chez l’adolescent s’épaissir voir même former des cicatrices très importantes appelées chéloïdes. Ce phénomène est rare mais il faut bien l’anticiper, surtout si l’on sait qu’il y a des antécédent familiaux car c’est un problème génétique le plus souvent. Dans ces cas, il faut souvent faire des injections dans la cicatrice en post opératoire pour diminuer l’inflammation.
- les problèmes de récidive : la récidive de l’oreille décollée est rarissime si l’on porte le bandeau correctement. En cas de récidive l’opération doit être renouvelée.
- Les problèmes de nécrose de la peau : encore plus rare que les problème de récidives, ils peuvent entraîner une infection de l’oreille et doivent être traités par antibiothérapie et bien surveillés.
Le lobule est une partie très visible de l’oreille. Il peut être déformé par un traumatisme ( arrachement de boucle d’oreille, ou boucle d’oreille trop lourde ) ou bien être de taille trop importante, le problème est alors congénital. La chirurgie réparatrice et esthétique du lobule est fréquente et se réalise simplement sous anesthésie locale.
Une fente du lobule peut être réparée, un lobule trop volumineux peut être réduit. Ces interventions de chirurgie esthétique sont peu onéreuses et font oublier une gêne sociale assez invalidante.
L’élément contraignant principal de ce type de chirurgie est la nécessité de faire des pansements légers et d’enlever les points au bout de 15 jours après l’intervention chirurgicale. Le trou de piercing disparaît et il sera nécessaire de le refaire si on bénéficie de cette chirurgie, mais il faudra attendre que l’oreille soit complètement cicatrisée , environ au bout de 6 mois.