Les seins tubéreux sont une malformation fréquente dont le degré de gravité est très variable selon les individus. Certaines patientes peuvent se plaindre d’avoir une petite poitrine sans avoir réalisé que leurs seins ont une forme tubéreuse alors que d’autres dont les seins sont plus volumineux ont une malformation très visible avec souvent une asymétrie importante entre les deux glandes mammaires.
Le problème regroupe ainsi plusieurs types d’anomalies qui rendent le traitement chirurgical assez complexe et nécessite l’intervention d’un spécialiste. Corriger complètement la malformation ou obtenir une symétrie parfaite est parfois un vœux pieux mais il existe de nombreuses techniques différentes qui permettent d’améliorer considérablement la qualité de vie des patientes.
Le sein tubéreux obéit à des critères bien précis mais il en existe de nombreuses formes très différentes en pratique
- il y a un déficit de glande au niveau de la base du sein, c’est à dire au niveau de son implantation sur le thorax. Il peut ainsi y avoir un «manque » de glande le plus souvent à la partie interne du sein, mais cela peut aussi concerner dans les cas plus grave la partie externe ou toute la base du sein. C’est dans ce cas que seule l’aréole a tendance à se projeter sur la poitrine et que le sein peut ressembler à un tube ou un tubercule.
- Le sillon sous mammaire est positionné très haut sur la poitrine en raison du déficit de glande à sa base.
- L’aréole est projetée et très élargie
- Le sein peut être de petite ou de grande taille, et il y a très souvent une asymétrie des deux glandes mammaires.
Cette chirurgie mammaire est complexe et ne peut pas s’envisager comme une simple augmentation ou réduction mammaire. Elle requiert de poser le bon diagnostic et d’adapter la technique chirurgicale à l’anomalie. Elle est délicate car elle nécessite de corriger en même temps plusieurs anomalies : souvent le volume (en augmentant ou diminuant), la position du sillon sous mammaire, la position de la glande et la plupart du temps un asymétrie. Ainsi dans les cas les plus complexes, tout ne peut pas se faire en un seul temps opératoire, et deux interventions seront nécessaires pour sécuriser la technique et obtenir le meilleur résultat possible. Des retouches peuvent également être nécessaires quelques mois après la première opération.
Corriger la forme du seins par le remodelage de la glande mammaire
La correction de la répartition de la glande sur le thorax peut se faire de plusieurs manières
- 1 / En passant uniquement par l’aréole c’est à dire en faisant une incision circulaire à la limite entre la couleur claire et la couleur foncée de celle ci. La glande est alors décollée de la peau et de ses attaches internes sur le muscle pour être sectionnée et redéployée. Ce geste n’est pas sans risque de nécrose car certains vaisseaux sont sectionnés par le geste et il faudra être prudent si on le couple à un autre geste agressif sur le sein.
- 2/ En faisant un grand remodelage par une cicatrice verticale ou en T inversé dans les cas où le sein est tombant ou trop volumineux, à la manière d’un lifting de sein.
- 3/ Parfois sans faire d’incision, l’injection de graisse (lipomodelage) permet de corriger des endroits où il manque du volume en le remplaçant par du tissu graisseux.
Pour augmenter le volume d’un sein tubéreux, il est le plus souvent nécessaire de passer par l’étape de remodelage de la glande au préalable. Cette étape est bien souvent indispensable pour de pas obtenir un effet visuel disgracieux de double sillon : le sillon nouvellement créé par une éventuelle prothèse, et l’ancien sillon haut plaçé non corrigé. Dans certains cas, les plus simples, seule la mise en place d’une prothèse, ou un lipomodelage sont suffisants.
Les prothèses mammaires pour les seins tubéreux
Dans le cas des seins tubéreux, la voie d’abord la plus utilisée est la voie hémiaréolaire, car on peut réaliser le remodelage glandulaire par cette incision. La voie sous mammaire est moins fréquente du fait de la mauvaise position naturelle du sillon. Le type de prothèse utilisé est variable, elle est le plus souvent anatomique car l’aréole est en général mal centrée sur le thorax. Cela permet ainsi de tendre un peu plus vers un résultat naturel. Les volumes importants sont à proscrire en un seul temps opératoire pour ne pas prendre le risque d’une souffrance de la glande en complément du geste de remodelage.
Le lipomodelage pour les seins tubéreux
L’injection de graisse est une très bonne technique pour traiter les seins tubéreux. Elle permet un apport de tissu qui permet de remplacer les zones où la glande mammaire est déficitaire, en conservant un aspect très naturel. Elle peut se faire en complément de la mise en place d’implants mammaires ou être utilisée de manière exclusive.
Dans le cas où les seins sont très petits ou bien que la patiente souhaite une plus grosse poitrine, l’augmentation ne pourra pas être toutefois aussi importante qu’avec des implants, et en général plusieurs interventions sont nécessaire pour obtenir une augmentation de volume marquée.
En tant que malformation, les seins tubéreux peuvent être pris en charge dans certains cas par la sécurité sociale. Il existe cependant un problème majeur de codification de l’acte. Il n’existe pas dans les différentes manières de caractériser l’acte chirurgical pour obtenir son remboursement, de code spécifique pour les seins tubéreux. La sécurité sociale ne reconnaît pas distinctement cette anomalie.
Ainsi on ne peut obtenir de remboursement que dans certains cas :
- Quand on pratique une augmentation de volume par implants après entente préalable c’est à dire accord du médecin conseil de la sécurité sociale
- Quand on pratique une réduction de volume d’au moins 300 gr par sein (cas de l’hypertrophie mammaire), ou quand il y a une asymétrie qui justifie une réduction de volume importante d’un seul côté (et qui nécessite une compensation dans le soutien gorge).
Quand on pratique un lipomodelage en cas de malformation bien identifiée ou d’asymétrie importante. Dans les autres cas, la prise en charge n’est pas prévue par l’assurance maladie, notamment dans les gestes de remodelage pur de la glande (aucun code n’existe dans ce cas là).